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Exurgence moulin du Tournefeuille
Géoportail.
Photo: Bernard Herrscher
Photographie de la famille propriétaire du moulin de Tournefeuille années 1900-1910.
Communiquée par Philippe FERCHAUD. Auteur inconnu.
Commune de: ROC AMADOUR, LOT 46
Coordonnées : 1° 39’ 44.21’’ E ; 44° 47’ 49.30’’ N
Altitude : 204.5m
Type de sol : Calcaire J0b-1a Aalénien supérieur.
# Historique et synthèse extrait du bulletin CDS46 N°1:
# 06 Avril 2017: BIJON Yannick, DELPECH Thomas.
Après des années à entendre parler du Tournefeuille par Michel VERLHAC et Pierre PEJOUT (qui raconte qu'il a sorti le S2??), je me suis enfin décidé à aller voir ce qu'il en retourne. Yannick vient me donner un coup de main pour le portage. Nous nous garons sur le causse et descendons sous le soleil jusqu'à la grotte. Il est prévu de plonger le S1 d'entrée avec chacun un 4 litre, puis de porter ces bouteilles pour moi au S2 à 240m du départ.
Nous nous changeons à l'entrée et commençons notre reptation vers l'élément liquide. Nous passons sans aucun encombre le S1 qui ne fait que 1m de long! La suite est bien plus pénible car il faut ramper, se contorsionner et escalader. Malgré les efforts, nous découvrons une cavité préservée et très belle. Le découpage dans les différentes strates de roches occasionnent des formes singulièrement belles et la couleur de la roche relève le tout. L'eau quant à elle est bien présente dans certains passages très aquatiques. Tant mieux, cela permet de réguler notre température corporelle enveloppés de néoprène.
Après plusieurs déchirures de combinaison, nous arrivons enfin au S2 après 1h15min de progression. Petite pose et je commence les préparatifs.
What!? You talking to me!!!?
Yannick devant le siphon.
Petite vasque du S2.
Le siphon laisse entrevoir un conduit réduit et surtout tapissé d'argile. Un fil sort sur 2m. Je reconnais celui-ci et sais qui est venu y tremper son masque. J'espère intérieurement qu'il n'a pas progressé. Allez, je m'immerge. Après 10m le fil se termine sur un piquet en fer à béton en forme de T. Je ne m'étais pas trompé.
Descente vers le point bas et étroitures.
L'heure du T a sonnée!
Par contre, c'est de bonne augure pour la suite, ou pas car une première étroiture et immédiatement après, ça frotte mais ça passe. Une seconde se profile 2m plus en avant. Celle-ci est infranchissable en l'état. Le sol argileux vient lécher le plafond. En un instant, la visibilité passe de 10m à 0.
Deuxième étroiture avant creusement.
Je fais un rapide état des lieux, il me reste 2 bouteilles pleines, nous avons porté comme des brutes le matériel. Je creuse !! Après 15min à racler à la main, puis aux pieds les graviers et l'argile, je sens que je peux passer. Mais sans mon harnais et sans ma plaque dorsale de leste. Je ressors et explique la situation à Yannick. Je fais le point sur le matériel disponible pour attacher mes bouteilles. Ce sera ceinture de spéléo de Yannick à la taille pour l'attache basse et mon tour de coup pour l'attache haute des bouteilles. Ce n'est vraiment pas le top car cela tire fortement sur le coup. Mais bon c'est reparti.
Après seulement 4m un détendeur se met en débit continu. Je ferme la bouteille sur laquelle je respirais et passe sur l'autre. Marche arrière pénible car il faut se pousser à contre pente. Je sors un peu agacé. Yannick avait compris qu'il se passait quelque chose de pas normal et il m'a tiré par les pieds pour m'aider. Allez diagnostique de la panne? Le deuxième étage c'est dévissé de sa rotule! Va comprendre Charles. Ce doit être dans le portage non protégé qu'il a dut prendre un coup. Bref, je le revisse fermement et Yannick me dit. "Tu vas quand même pas y retourner?". Ben, bien sur que si.
J'arrive au bas du talus d'argile à -4m. Je pivote en me contorsionnant afin de faire passer mes jambes. J'attrape au passage mon spool qui m'attend depuis le début et m'engage en marche arrière dans le noir intégral. Je force et plaque ma tête au sol puis c'est la libération. Je suis passé, mais c'est pas bien gros l'affaire et surtout il va falloir retrouver le passage au retour.
Le voile se lève sur la suite tant espérée après un passage très serré.
J'avance en remontant et arrive dans l'eau limpide. Le travail commence. Topographie, pose du fil et film. Ma progression est chaotique car je n'ai ni palmes, ni équilibrage, ni leste. Je suis trop léger et les bouteilles qui pendent sous moi me cassent les cervicales. Le plafond est de surcroit très corrodé et accroche. La visibilité tombe dès que je m'arrête par percolation au plafond et cette fichue argile au sol.
Descente après une dune d'argile.
Après 27m de première et arrêt sur rien, je m'arrête car il ne me reste plus que 3m de fil et rien pour attacher plus loin. Cette percée, porte le siphon à 37m pour un point bas à -4m.
Terminus du jour sur rien.
Demi-tour dans la purée de pois. J'ai du mal à repasser exactement sur la trace de l'aller et je n'y vois pas. Je mets quelques coups de casque dans les murs et me coince par deux fois. Ça y est, je suis devant le passage de sortie. Les bouteilles raclent et se plantent dans l'argile au sol, je me cambre en collant le masque au sol. Je ne passe pas! Je recule et commence à creuser. Je ne peux pas voir mes consommations, ni mon ordinateur car il fait noir orange en ces lieux. Une longue minute s'écoule et je retente le passage. L'accouchement se fait aux forceps. Je passe la deuxième étroiture et sors à l'air libre.
Bilan super positif pour nous. Arrêt sur rien. Nous nettoyons le matériel et nous nous le repartageons en vue du portage qui sera tout aussi long. Nous passerons le S1 en apnée car il n'est pas justifié de prendre des bouteilles pour ce passage.
Nous sortons, il fait très sombre déjà. Quoi!? Presque 20h. Nous nous changeons et rentrons sous la douce chaleur d'une fin de journée ensoleillée.
Il est claire qu'il faut revenir afin de poursuivre cette exploration car pour moi ce siphon est un décanteur et il devrait laisser place à de la galerie exondée rapidement. De plus, j'ai déjà ma petite idée sur le genre de harnais que je vais confectionner. Par contre, au vu des difficultés du portage, nous enkiterons le matériel pour le protéger.
Merci à Yannick. La suite au prochain épisode.
Report topographique de surface.
Dans les perspectives. La galerie suit pour le moment une fracturation OUEST / EST indiquée sur la carte géologique. Il est à noter qu'à une cinquantaine de mètres, il est possible qu'elle soit recoupée par une autre fracturation NORD-OUEST / SUD-EST arrivant depuis le réseau du Saut de la Pucelle. Peut être y aura t'il une corrélation entre les deux réseaux?
Source Géoportail.
# 30 Juillet 2017: DELPECH Thomas, HARIELLE Bruno, KUPIEC Christian.
Cette matinée, nous nous rejoignons sur le parking du saut de la pucelle afin de poursuivre l'exploration de cette fameuse exurgence du Tournefeuille. Nous avons fait la route avec Bruno et comme d’accoutumé, Christian est en retard. J'avais laissé un message à Michel VERLHAC pour qu'il soit des notre, mais je n'ai pas eu de réponse. Dommage car il aurait surement apprécié ce petit retour 43 ans en arrière. Les troupes ralliées, nous allons nous garer au plus proche sur le causse. Les kits sont déjà prêts depuis la veille, il ne nous reste plus qu'à nous changer sous un soleil de plomb et une chaleur étouffante.
Le canyon par Christian KUPIEC.
Nous descendons dans le canyon de l'Alzou à vitesse réduite car j'ai un genou très douloureux à la suite d'une probable entorse. La descente est pénible et longue sur le sentier abrupte. Nous finissons par arriver à bon port. Christian et Bruno ne connaissent pas ces lieux atypiques. Il faut dire qu'une exurgence suspendue aux lèvres d'un canyon, cela ne courre pas les rues dans le Lot. Une fois au frais, nous finissons de nous changer sous les flashs de krikri. Nous sommes prêts à faire feu.
Vue de l'entrée vers le S1.
Nono et Toto.
Direction le S1 qui permettra de se rafraîchir car en néoprènes, il fait rudement chaux.
Nous franchissons l'obstacle liquide en apnée. Au passage, je dépollue en retirant un gant et une pile plate du font de l'eau. Ensuite s'enchaine les rampings et les petites remontées. Avec Bruno, nous apprécions le paysage tourmenté de cette cavité. Il est vrai qu'elle est belle mais pas docile avec le matériel et les genoux. Après 45min, nous arrivons au siphon. Cette fois ci, tout était emballé depuis l'entrée. Bruno s'occupe des bouteilles pendant que je me consacre au détendeurs et autre petit matériel.
Nono devant le S2.
Toto dans le S2.
Les préparatifs sont joviales et efficaces. J'endosse mon nouveau harnais qui à déjà fait ses preuves au Martinet et à la Finou! Ça y est, le départ. Limite de temps une heure d'exploration. La caméra sur le casque et le dévidoir de coté, je m'enfonce dans le Tournefeuille subaquatique. Je passe la fameuse étroiture plus facilement que la dernière fois malgré mon dévidoir qui me gêne et que je dois attacher à l'anneau cutal. Je progresse rapidement même sans palme. L'équilibrage aux petits oignons ça vous change un plongeur! J'arrive à mon précédent terminus et me prépare à réaliser la jonction des fils. Mais où est donc passée la 7eme compagnie? Heu pardon. Où est donc passé mon dévidoir? Non je n'y crois pas, il devait être mal accroché. Je fais demi-tour dans la touille et commence à chercher avec une main en balayant le sol. Ceci n’arrangeant pas la visibilité. Et bien, il était bien gentiment posé au sol à l'étroiture. Je me dépêche de retourner au terminus. Jonction faite, le travail commence. Je déroule mon fil et topote jusqu'à une remontée. Je fais surface dans une belle galerie. S2 franchi après 57m.
Sortie S2 attache du fil où je peux.
J'amarre mon fil péniblement, pose mon bardas et vais voir de quoi il retourne ensuite. Stupéfaction, je n'ai pas remis la caméra en enregistrement après l'avoir coupée au terminus sans dévidoir. Dommage! Du coup, je vérifie. Elle filme. La galerie exondée fait 3m de haut pour 1.5 de large. Sur la fin de la première partie, un panneau de concrétions avec fistuleuses et excentriques transparentes s'offre à moi. Superbe!
Galerie du S2 au S3 / Concrétions.
Fistuleuses et stalagtites.
Panneau d'excentriques.
Juste après un nouveau siphon s'annonce. Je retourne donc chercher mon matériel pour pousser les investigations plus en avant. A partir de là, les siphons peu profonds s'enchainent laissant par moment leur place à de petites parties exondées assez courtes. Plusieurs passages bas seront négociés et une étroiture en lucarne me laissera à réfléchir. Par contre, au fur et à mesure que j'avance, il y a de plus en plus de graviers et petits galets au sol l'argile les recouvrant d'un léger voile d'ocre jaune.
Inter S3 S4 / Graviers au sol .
Dans le S5/ Inter S5 S6.
J'arrive au bout d'un centaine de mètre dans une salle plus grande. Le pendage est remontant et l'eau coule au sol avec le même débit qu'au départ du S2. Le dénivelé est de l'ordre de 0.5m. Je fais le point et je suis déjà presque en retard pour mon rendez-vous avec Nono. J'attache et coupe mon fil. Avant de repartir, j'explore la galerie exondée de 1.8m de haut pour 1.5m de large qui me mène au S7. Arrêt sur temps dépassé. Je fais demi-tour et rentre au pas de charge malgré la très mauvaise visibilité surtout dans le S2.
Sortie S6 sous l'eau / Sortie S6 dans l'air.
Galerie menant au S7 / Vasque du S7.
Nous sortons en 45min comme à l'aller et retrouvons Krikri qui à fait la sieste et des photos. Puis nous nous changeons et entamons la dure remontée sur le causse par 35°C à l'ombre. Merci à mes deux compères du jour.
Le bilan est super positif pour nous. Il faudra revenir rapidement car je ne vais pas tenir longtemps ;-) Au total 148m de première dont 81m sous l'eau. Par contre, il n'y a pas de jonction entre les fractures de la carte géologique, donc pas de liaison Pucelle Tournefeuille. La direction donne à penser que nous nous dirigeons vers Gramat et que nous allons rencontrer les deux dolines présentes sur la carte IGN. A confirmer.
Voici le synoptique des siphons:
S1: 1m ; -1m
S2: 58m ; -4m
S3: 17m ; -1.5m
S4: 18m ; -1.5m
S5: 13m ; -1.5m
S6: 13m ; -1.2m
Le report topographique surface.
Source Géoportail.
# 30 Août 2017: DELPECH Thomas, LAFAGE Bernard.
Aujourd'hui, Nous revenons au Tournefeuille afin de poursuivre l'exploration en commençant par le S7. Normalement, Michel VERLHAC doit nous rejoindre dans l'après-midi.
Avant la "rentrée", je souhaitais faire une nouvelle pointe au Tournefeuille. Bernard à fait le long déplacement depuis Luzech afin de m'aider pour le portage. Il ne connait pas le site, mais je pense qu'il devrait lui plaire au regard de la curiosité des creusements dans les bancs ainsi que sa position géographique.
Après une petite promenade sur le sentier, nous infléchissons notre progression vers la grotte. Il fait relativement chaud. L'air frais de l'entrée nous apporte un peu de répit. Nous mettons nos néoprènes et prenons les sacs lourdement chargés. Au passage de la voûte mouillante , l'eau qui pénètre nos armures thermiques est relativement gelée. Nous progressons rapidement malgré mon genoux qui me fait un mal de chien. Le débit du ruisseau est équivalent à celui du mois de Juillet.
45 minutes s'écoulent avant de rallier le S2 qui nous accueil avec une eau limpide. Les préparatifs se déroulent sans problème et assez rapidement. Je suis prêts à glisser dans l'élément liquide. Le timing est donné. Retour dans 2 heures au plus tard. Bernard en profitera pour terminer sa visite et ses observations dans les galeries latérales.
Je me dépêche de traverser les siphons connus afin de garder un maximum de temps pour l'exploration. Mais il faut l'admettre, en allant vite on ne profite de rien et l'on ne gagne pas énormément de temps, de plus à chaque fois que je passe les étroitures et les difficultés, je me dis que j'étais bien motivé les fois précédentes. Bref. Je fais surface à la sortie du S6 après 10 minutes. J'avance à genoux au S7 et mets en place mon fil. Le cap est prit, la caméra allumée et sur la position enregistrement. Feu!
Départ du S7 / Bythinelles au sol.
Laminoir de sortie du S7 / Salle de sortie du S7.
Bizarre, il n'y a presque pas d'argile. Il y a même du sable à la place. Le siphon est bas, voir très bas sur la fin. Tient, des Bythinelles par centaines au sol. Ou! Il se passe des chose bizarres dans ce coin, je soupçonne un changement dans pas longtemps. Un changement de quoi, je ne sais pas encore, mais il va se passer quelque chose. Je fais surface après 16m à -1.25m. Me fait face une roche propre et découpée, voir ciselée. La galerie fait un méandre à 90° sur ma gauche. Je contrôle rapidement sous l'eau afin de ne pas rater un départ. Rien de ce coté. J'attache mon fil et le coupe. Je parcours le virage et me retrouve en face d'une grande diaclase d'au moins 5m de haut. Elle est d'une largeur de 40cm sur 4m, puis d'un bon mètre avant de pincer au plafond. Je vois sur au moins 15m. Je décide de poser mon bardas et de partir à l'aventure dans cette galerie inconnue de l'homo sapiens sapiens.
Départ de la galerie exondée / Passage en hauteur à +4m.
La progression est très chaotique car une fois il faut ramper en costal, puis escalader à +5m pour passer en plafond. Les différents profils s'enchainent et le "paysage" peut changer à n'importe quel virage. Je retrouve à plusieurs endroits le beau banc rouge grena avec des inclusions cristallines très blanches qui contrastent. Des cristaux de calcite de forme pyramidale recouvrent un passage étroit. Avec le rose grena proche, c'est un régal pour les yeux, mais pas pour ma sur combinaison qui souffre.
Inclusions dans le grena / Cristaux pyramidaux.
Cristaux pyramidaux / ça coince un peu.
En parlant de virage, rupture brutale dans les azimuts. D'une direction EST, je passe en un virage à du NORD-OUEST? Une fois le report surface fait il s'avère qu'il n'y a pas forcement de surprise car la carte géologique nous donne une fracturation géologique NORD-OUEST / SUD-EST (voir report ci-dessous). A partir de ce changement, surprise. Des pans entiers du plafond obstruent pratiquement le passage sur 15m. Au dessus de cet éboulement, j'arrive à voir une salle avec des concrétions et des cristallisations à 8m du sol. le passage est possible, mais je ne veux prendre aucun risque car l'équilibre semble assez précaire. Je retiens ma respiration et passe sous le Mikado en prenant soin de ne rien heurter. La suite est sympathique car je peux enfin marcher normalement et il y a de beaux coups de gouge sur les parois. Le sol quand à lui est sur la roche mère bien blanche avec un trait sinueux noir qui marque la fracturation que l'eau à érodée au fil des milliers d'années.
Belle section avec plafond plat et surcreusement dans les dépôts / Coups de gouges et ligne de fracturation au sol.
LE VIRAGE!
Je progresse très lentement, il faut quand même le souligner. J'en "pète" de chaud, je bois dans les laisses d'eau, le parcours est super exigent et difficile. Certaines descentes depuis les passages hauts sont franchement ardues et la roche ne pardonne pas la moindre erreur surtout sans gants (oubliés à la voiture). J'arrive à une disjonction. A ma droite une belle diaclase blanche mais étroite et assez hautes, à escalader donc. En face, ce doit être plus facile. Je continue et m'enfonce à travers les galets jusqu'à mi mollet dans de l'argile rouge super fluide. Je me retire de ce piège et avance encore de 2m, puis cette arrivée queute par étroiture et concrétionnement. Peu de temps avant, j'ai trouvé une dent d'herbivore genre rêne ou cerf. Peut être qu'elle provient de cette branche. Ce n'est pas le seul matériel que j'ai repéré. Une vertèbre et un tibia noirs complètement pétrifiés par un dépôts de manganèse. Ils ressemblent à des os de renard. [..]
Os prisonnier / Dent libérée.
Je me rabats sur l'escalade qui sera éprouvante. Je commence à manquer de place sur ma tablette topo et j'arrive au terme de mon timing de progression. De plus, je suis déjà bien touché physiquement et il ne faut pas oublier le chemin retour qui sera du même ton! Allez, je pousse un peu plus loin, mais il faut encore escalader et ça pique un peu. Je redescends et stoppe. Je ne peux pas passer au sol trop petit et surtout l'escalade qui se présente en étroiture est très risquée. Je marque mon terminus d'une croix blanche sur la parois, puis me dirige vers mes petites bouteilles qui m'attendent 328m plus loin. Le retour sera très pénible car je me fourvoierais plusieurs fois sur le passage à empreinter. De ce fait, je serais soulagé d'arriver au siphon.
Section immaculée / Terminus petite galerie semi-active.
Les passages se compliquent en hauteur.
Escalade à faire au terminus / La croix de fin de topo et d'explo.
Passage esthétique mais bien pénible.
Par contre, je suis en retard sur le prévisionnel. Je me dépêche donc de me rééquiper et de franchir les siphons. Pensant me reposer lors des phases subaquatiques, il n'en sera rien. Étant fatigué, je n'arrive pas à avancer comme je le voudrais et je commence à surconsommer. Je commets des fautes et n'arrive même plus à repasser la lucarne. Il faudra qu'après mettre coincer, je fasse marche arrière, que je pose une bouteille et enfin je pourrais franchir cette difficulté. Allez, il ne reste que le S2 et je serais en partie déchargé de mon matos. L'étroiture "argilo-galétique" de sortie sera un calvaire. Je dois poser le casque pour passer en force. J'en ai marre et à ce moment, je me dis que cela suffit et que je ne reviendrais pas de si tôt.
Je retrouve Bernard avec 18 minutes de retard et 344m de première sur l'ardoise! Nous partageons ce moment tout en rangeant mon attirail de plongée. Bernard quant à lui a fait un allez retour jusqu'au S1 pour ne pas avoir froid. Nous rentrons ralentis par le boulet que je suis. Je m'accroche partout car ma combinaison est littéralement détruite. On dirait que je me suis fait attaquer par un tigre à dents de sabre! Pour couronner le tableau, j'arrache en partie le fond de mon kit sur un redan. Quand ça veut pas, ça veut pas!
Nous sortons, il est déjà plus de 19h et il fait bon malgré l'orage qui menace. La montée est quant à elle facile, car tout est relatif après les 4 heures non stoppe que je viens de vivre. Arrivés aux voitures, je retrouve mes gants qui m'ont fait cruellement défaut tout au long de l'expédition. Mes mains s'en souviendront car j'ai des coupures de partout et même il me manque un morceau sur un doigt. Bernard trouve ce petit mots sur son pare brise:
Après 43 ans Michel, je reconnais aisément que l'entrée est assez compliquée à trouver. Dommage en tout cas et merci encore à toi.
Le bilan est tout de même très positif. 344m de mieux aujourd'hui. Ce qui porte nos découvertes à 484m. Le réseau développe donc 730m et suite à son changement brutal d'axe, il se dirige vers le saut de la Pucelle qui se rapproche (300m à vol de chauve souris). Il faudra donc poursuivre sans faute les investigations afin d'essayer de lever le voile. Paléo-connection ou réseau endogène au plateau et complètement différent du Saut? La chimie de l'eau semble donner raison à la deuxième hypothèse. A vérifier par l'exploration.
Deuxième bilan, heureusement que le terminus ne se présente pas sous la forme d'un nouveau siphon car au secours pour le portage tout seul. Malheureusement dans l'équipe, nous n'avons pas un autre plongeur capable de passer ces siphons très retords. Je suis donc encore astreins à évoluer seul pour la prochaine cession post siphons. Il faudra prendre encore plus de précautions au niveau de l'engagement en exondé car la faute n'est pas permise.
Merci encore à Bernard pour cette aide très précieuse malgré le long trajet depuis Luzech.
Voici le nouveau synoptique des siphons:
S1: 1m ; -1m
S2: 58m ; -4m
S3: 17m ; -1.5m
S4: 18m ; -1.5m
S5: 13m ; -1.5m
S6: 13m ; -1.2m
S7: 16m ; -1.25m
Zoom sur le report surface. En vert les failles géologiques.
Report Tournefeuille / Saut de la Pucelle. En jaune figurent des dolines.