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Gouffre de l'Oule réseau du Lantouy
Commune de: SAINT JEAN DE LAUR, LOT 46
Coordonnées : 1° 51’ 11.34’’ E ; 44° 26’ 1.54’’ N
Altitude : 215m
Type de sol : Calcaire J2 - 3C Bajocien supérieur.
Topographie ancienne retravaillée.
Historique extrait de spélunca n°77.
L'entrée en régime d'étiage.
Et maintenant en crue!
Crédit photo: Christian KUPIEC.
# 02 Août 2017: CABRIT Eric, CARREY Kévin, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, KUPIEC Christian.
Après des années à en parler avec Eric et Christian, nous voici enfin à pieds d’œuvre à l'Oule. Pour moi c'est une découverte car je n'y suis jamais allé. Dès l'entrée, je trouve le site esthétique.
Nous partons pour traverser le S1 avec Eric et Kévin, puis nous devons aller reconnaitre la galerie jusqu'au S2 à plus de 1500m de l'entrée. Comme motivation, nous avons les récits d'exploration qui nous disent qu’après le S1, nous aurons droit à 1200m dans l'enfer de l'argile et du CO2! Quelle belle perspective!
Nous amenons le matériel devant le S1 et commençons à creuser afin de rejoindre l'eau car le passage est complètement obstrué par des tonnes de sable. Nous mettrons pré d'une grosse demi-heure pour traverser ce verrou.
Vient maintenant le temps de se changer et de préparer le matériel plongée chacun de son côté. Pour ma part, je voyagerai léger. 2 x 4 litre sur mon harnais et pas de palmes car le siphon ne fait que 90m à -4.5m de profondeur. Je suis le premier à entrer dans l'eau. Suivent Tic et Tac.
Comme il n'y a pas beaucoup de place, je commence à plonger et à vérifier le fil pour mes camarades.
Il y a deux fils et une corde dans ce siphon. Je fais donc un semblant de ménage et sors dans la salle post S1. "Magnifique" camaïeu d'ocre orangé!! De l'argile à perte de vue. Je dépose mon matos et monte en hauteur en attendant mes compères. J'attendrai 15 minutes dans le noir avant de voir arriver Kévin dans une vision splendide de la vasque illuminée. Ce regard "éclairé" me confirme une impression lors de mon arrivée à la fin du siphon. Il doit y avoir quelque chose sur la gauche sens sortie. Mais nous verrons cela plus tard. Nous campons 25 minutes et toujours pas d'Eric. Il a dut avoir un souci et il est rentré.
Nous partons donc à la découverte de l'Oule glaiseuse. La progression est affreuse. Soit il faut escalader les pans d'argile pseudo plastique ou alors s'enfoncer jusqu'aux genoux dans le chenal central. De plus, il y a bien un taux de CO2 important, car n'étant pas trop sensible, là j'en chie. Kévin aussi en chie car il est en combinaison étanche sans rien dessous, mais quand même. Il est en surchauffe. Nous avons fait près de 500m et arrivons dans un lac. Nous nagerons sur 200 à 250m en passant une voûte mouillante. Dès la sortie de ce passage une énorme cheminée nous surplombe. Une mini cascade d'eau tombe. Et je dis à Kévin. "Tu sens?", "De l'air frais!!!". non ce n'est pas une hallucination, nous avons de l'air plus frais et sans CO2. Cette cheminée sera donc un des points à investiguer ultérieurement.
Le pendage s'inverse. Depuis le début nous montions et maintenant nous redescendons. Du moins c'est l'effet ressenti. Après un autre passage aquatique, nous arrivons dans une zone de bonheur. L'argile laisse place à la roche mère ultra découpée et "marmitée". Il faut par contre faire attention car le fin revêtement argileux est extrêmement glissant. Nous descendons, ça sent le siphon à chaque virage. Mais, il est encore loin ce bougre. Finalement au bout de 1h15 nous y parvenons. Ci gît des bouteilles de plongée abandonnées comme le capitaine (référence au groupe Gold). Au menu, nous avons un bi 10 litres dorsal jaune avec sangles et 2 x 9 litres blancs montage sidemount. Elles sont en plein milieu du passage couchées dans l'argile. Le ressaut menant au S2 est quant à lui juste après. Nous pouvons voir l'eau translucide au fond. Nous renonçons à descendre car les cordes sont de visu peu engageantes. Nous les démêlons quand même pour vérifier, mais bon comment dire? Ça ne va pas le faire.
Nous sortons les bouteilles du passage et faisons le point sur ce matériel. Une des 10 litres est perforée et vide, l'autre nous arrivons à l'ouvrir et la laissons se vider. Les 9 litres semblent intactes. Mais il n'en est rien la peinture du coté air libre est complètement cupulée alors que le coté enclavé dans l'argile est nickel. Nous avons du mal à les ouvrir. Je vous rassure, nous n'avons aucune envie de rester dans le coin car l'air qui s'échappe est putride. Nous nous dirigeons donc vers la sortie.
Sur le retour, je découvre une curiosité sur un banc rocheux. Une sorte de défense ou de corne de pré d'un mètre soixante?? La structure semble cristalline. Bref, nous sommes sur l'expectative. Nous arrivons à une bifurcation repérée à l'aller. Kévin prend à droite et moi à gauche. "Kévin, le premier arrivé de l'autre côté!?" Et bien non, il n'y aura pas de vainqueur. Je découvre un affluent ou une perte qui ne figure pas sur la topographie. Kévin me rejoint, mais nous décidons de ne pas continuer dans cette voie car nous ne sommes pas en avance.
Dans certaines laisse d'eau, des formations ou aggloméras microbien sont visibles. Une masse informe orange les caractérise. Du coup, même ayant très soif, nous ne boirons pas. Tiens revoici le CO2 dès que nous avons franchi la voûte mouillante. La fatigue et la soif s'accumulant au gaz, nous en chions des ronds de frites.
Enfin, nous arrivons au S1. Nous nous préparons pour la traversée. Je demande juste à Kévin quelques minutes pour aller voir du côté qui m'attire! Car maintenant que j'ai fait cette ballade, je sais que l'eau ne peut pas toute arriver depuis le S2 car la mise en charge de +37m ne peut être seulement liée à cet alimentation. Le creusement en atteste aussi. Bref, il manque quelque chose dans ce réseau qui ne peut pas qu'avoir des amonts!
J'amarre mon spool de 30m et pars à la découverte. -8m un conduit 2m de large 1m de haut. -6m et 25m au compteur boum!!. Ma lampe n'accroche plus les parois. Je suis dans une salle ovoïde de 10m par 10m. Un grand pan incliné d'argile me mène à -11m. Plus de fil malheureusement. Je vois à - 16m au moins. Super!! J'ai peut-être raison. Retour dans une visibilité proche de zéro. La topographie n'est pas levée car je n'avais rien pour la faire. Je retrouve Kévin qui se caille maintenant et nous rentrons.
Le retour à la surface se fera sans encombre. Eric n'a pas plongé car il avait oublié ses plombs le blaireau. Euh plutôt le Sanglier.
Bilan très positif pour ce premier contact. 30m de première, une nouvelle galerie découverte et une visite jusqu'au S2 avec découverte d'un probable fossile.
Il est décidé de remettre le couvert dès le lendemain afin d'essayer de prolonger au-delà des 30m.
Crédit photo: Christian KUPIEC.
Topographie annotée en vert suite à cette journée.
# 03 Août 2017: CABRIT Eric, CARREY Kévin, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, KUPIEC Christian.
"The return"! Après une nuit à Cahors chez Christian veillé toute la nuit par une assiette commémorative de Jean-Paul II, je suis prêt. Un dévidoir de 150m, le matériel topo et vidéo de Christian enkité et op au fond du trou. Kévin et Eric ne souhaitant pas plonger, le portage est simple et facile.
Je passe le S1 avec une 4 litres et réserve mes 2 x 6 litres pour la première. La visibilité est médiocre, je n'arrive pas à trouver de suite pénétrable. J'ai déroulé 10m de plus et si bloqué à -16m par une étroiture avec vue sur un laminoir de 4m de large pour 0.8m de haut avec de l'eau claire.
Dépité de ce résultat, je rentre avec la topo au moins. Il faudra revenir et essayer de creuser afin de passer.
Crédit photo: Christian KUPIEC.
Coupe développée de la première.
Report surface de la première.
Report surface général sur vues aériennes Géoportail..
# 14 Août 2017: BIJON Yannick, CABRIT Eric, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, LAFAGE Bernard, KUPIEC Christian.
Nous partons ce jour afin de plonger le nouveau siphon et de faire prendre connaissance du réseau à Eric et Yannick. Ceci servant pour la prochaine sortie d'Eric pour escalader.
Le plan est le suivant, je plonge et essaye de creuser le passage pendant que le duo traverse le S1. Ensuite le trio se reforme et nous filmons jusqu'au S2 en repérant la cheminée et visitant l'affluent non topographié.
La plongée donnera un beau résultat. Je trouve un autre passage avec l'aide de l'eau claire et déroule la totalité de mon spool. Soit 30m de plus avec arrêt sur rein. J'aurai promené la pelle US pour rien ou juste pour s'accrocher dans le fil. la topo est levée, au top. Je peux rejoindre sereinement les copains.
Arrêt sur rien.
Maintenant place aux lumières prêtées par Christian et ma caméra. Bonne visite.
2ème salle après la sortie du S1.
Départ dans la 2ème salle après la sortie du S1.
Cheminée menant de l'eau et de l'air frais à escalader.
1er partie du fossile prisonnier dans la roche.
2ème partie du fossile prisonnier dans la roche.
Crédit photo extérieur: Christian KUPIEC.
Crédit photo intérieur: Thomas DELPECH.
Nous irons repérer l'affluent rive gauche repéré avec Kévin. Celui-ci doit développer entre 250 et 300m. Il se termine sur un siphon équipé par des Anglo-saxons car il y a une corde d'Ariane leur grande spécialité. Il faudra donc revenir afin de lever le topo et le voile sur cet affluent.
# 22 Août 2017: CABRIT Eric, CASTANG Hervé avec Madame et leurs deux enfants, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas.
Je n'y tiens plus. Une sortie spécialement organisée pour une plongée est lancée. La famille CASTANG vient en renfort et en découverte pour les enfants. Le matériel change. Je pars avec 2 x S80 (11.2 litres aluminium) afin de pouvoir enfin "frapper " un grand coup si possible.
De plus, Eric et Clem referont la topographie depuis l'entrée afin de recaler l'ensemble du report.
Crédit photo: Eric CABRIT.
La plongée se passera au mieux. Je déroulerai 110m et poserai des piquets en fibre de verre de ma conception afin d'assurer la pose du fil. Le retour reste quand même une certaines épreuve car la visibilité tombe à 30cm voir à zéro dans certains passages. Il n'y a pas que la visibilité qui tombe. Le profil dégringole à -29m en bas d'un énorme cône en forme d'entonnoir. La température aussi chute de 12°C à 11°C.
Je stoppe sur un passage surbaissé à -25.5m. Je verrai beaucoup de niphargus lors de cette plongée. Mes pérégrinations me feront croiser un banc de sable avec des marques d'écoulement qui me donneront le sens du courant vers l'aval.
par contre, la vidéo sera très courte car je planterai par inadvertance la tête dans l'argile molle. Ceci obstruera partiellement l'objectif et dessinant un contour de lapin comme celui de Playboys. Mais aller savoir pourquoi, il faudra le regard de Clémence pour déceler ce détail!!??
Crédit photo: Thomas DELPECH.
Profil de la plongée.
Coupe développée.
Report surface et recalage avec la topo entrée/S1 en rouge.
# 24 Août 2017: BIJON Yannick, CABRIT Eric, CASTANG Hervé, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, FIALON thierry, HARIELLE Bruno, KUPIEC Christian.
Encore une fois, sur le front de l'Oule. Double objectif aujourd'hui et deux équipes. Eric et Yannick partent faire l'escalade de la cheminée aérée et je vais plonger la suite de mon siphon.
Nous aurons de valeureux renforts pour le portage de tout notre barda. Voici leurs trombines!
Crédit photo extérieur: Christian KUPIEC.
Eric et Yannick partiront en premier afin de profiter de l'eau claire dans le S1. Ils réussiront à escalader 15m et passer au-dessus du gros bloc coincé. Vue sur la suite qui elle aussi sera bien pourrie d'argile. Il semble à Eric de ressentir un courant d'air. En tout cas selon ses dires ça a quand même de la gueule.
De mon côté, je prends une bouteille supplémentaire avec un 6 litres pour le S1 et les éventuels paliers qui ne seraient tarder à pointer leurs nez. Pour la progression, je conserve mes 2x S80. Je déroulerai 75 nouveaux mètres avec arrêt sur les tiers des bouteilles. Le profil ondule entre -25 et -30m. Les passages délicats s'enchainent et s'accumulent. Le retour est de plus en plus galère. Ce coup-ci, je me coincerai dans le passage de mon ancien terminus. Le fil a du se décaler et je n'arrive plus à passer. La visibilité est nulle et les lampes ne percent même plus la turbidité. Comme vous pouvez le voir, le plafond est très abrasif. Il me freine et me retient. Je reste calme et force en ligne. C'est mort, je suis plaqué au sol sur expiration. Je me secoue fortement afin de pouvoir reculer. Côté gauche c'est impossible de passer. Je prends donc le fil main gauche et me décale à droite. Je force, mais ça passe aux forceps.
Je suis soulagé. Je descends la galerie et me retrouve à -29m. Je passe sans trop de problème le passage étroit sous blocs et commence à remonter le cône d'avaloir qui me remontera à -20m. Je force et n'arrive pas à monter. Aller qu'y a-t-il encore. Je gonfle ma vessie d'équilibrage à la bouche. Rien ne se passe et j'entends l'air sortir. Encore un essai et je comprends. Je passe ma main dans mon dos. J'ai arraché l'ensemble de gonflage de la vessie dans le passage où je me suis coincé. Je suis lourd comme une enclume pleine d'eau.
Je remonte la pente en me tractant dans l'argile avec les mains et en palmant. Cette comédie durera à chaque remontée jusqu'à la sortie. Ce fut physique.
Je découvrirai un os qui sera attribué à un grand herbivore.
Terminus du 22-08-2017.
Vue sur l'entonnoir menant à -29m sous des blocs.
Petit et seul passage sous les blocs à gauche. Au sol de l'argile liquide.
Terminus du jour sur le petit éperon à droite.
Pièce arrachée dans la vessie (noir) et pièce réusinée en Delrin par mes soins (blanc).
Crédit photo: Thomas DELPECH.
Dans le S1 en sortant, je nettoierai les vieux fils et ne laisserai que la corde d'Ariane. Comme cela l'espace d'évolution est sécurisé pour les copains au retour.
Coupe développée..
Profil de la plongée.
Report sur face.
# 15 Octobre 2017: BIJON Yannick, CABRIT Eric, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas.
Nous partons avec Eric escalader la suite de la cheminée. Yannick quant à lui veut aller plonger le siphon de l’affluent post S1 à près de 900m du S1.
Après 250m à galérer dans le CO2, Yannick renoncera malgré qu'Eric lui propose de porter son sherpa. Nous nous retrouvons donc en binôme pour finir la route vers l'escalade.
Nous monterons par paliers à la cote +45m et nous nous trouvons en zone hors crue. Par contre, Eric butte sue une étroiture ponctuelle avec courant d'air. Il faudra revenir avec des moyens percutants pour vaincre la roche. A la descente Mon petit Sanglier fait le porc et il se roule dans l'argile molle. Trêve de plaisanteries, il a les plus grandes difficultés à redescendre d'une partie où il était monté en libre car l'argile en plaquage s'est fluidifiée et il glisse sans pouvoir se retenir. J'essaie bien de lui lancer une corde par un œil dans la roche, mais rien n'y fait. Il finira par descendre sans trop d'égratignures.
Nous descendons. Au dernier fractionnement, je me coince comme un bleu car la corde glisse et je n'ai aucune prise. J'y passerai 15 minutes avec le Eric juste au-dessus qui se paye ma tronche. A tient, j'y pense! A la reprise de l'escalade au début de notre mission, Eric doit franchir un passage surplombant couvert d'argile. Je le sécurise et lui cale les pieds le temps de mettre un point au plafond. A peine eu il dit "Assure moi, je ne suis pas sure qu'il tienne", que nous entendîmes un bruit de tire-bouchon débouchant une bouteille. L'amarrage était sorti de son logement de roche pourrie. Du coup, je dus rattraper un CABRIT au vol!! Plus de peur que de mal et au moins cela fait des souvenirs et des histoires à raconter.
Nous retrouvons Clem après une après-midi sous terre. Il faudra revenir car cela semble tout de même prometteur.
# 22 Octobre 2017: CABRIT Eric, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, LAFAURIE Yann, PONSONNAILLE Christophe, KUPIEC Christian.
Nouvelle plongée prévue. Cette fois-ci, C'est du lourd!. Christian m'a fait cadeau de ses bouteilles de 18 litres. Merci à lui. Je les ai donc nettoyé à l'intérieur et repeinte à l'extérieur. Je les ai testé lors de deux plongées et tout est parait. Je prends en plus une 6 litres pour le S1 et les paliers.
Nous nous retrouvons donc au bords du gouffre une fois de plus. Nous sommes 4 pour le portage aller et peut être que nous aurons Yann au retour. La routine prend le pas et nous partons vers le S1.
Les préparatifs vont bon train et dans la bonne humeur. Les bouteilles sont presque aussi grosse que Clémence sur les photos ce qui ne l’empêchera pas d'en porter une. Elle est costaud la petite.
Le passage bas sableux avalé, me voici presque au départ de la plongée.
Le S1 est rapidement franchi et je plonge directement vers ma galerie. La visibilité n'est pas bonne jusqu'à mi-S1. Ensuite les choses s'améliorent. En 25 minutes, je suis à mon terminus précédent. La galerie remonte jusqu'à prendre un virage à l'équerre sur ma droite. Le laminoir semble terminé et je suis dans une haute diaclase avec des strates de roche plus claires.
S'en suit quelques mètres agréable au niveau progression, puis de nouveau du laminoir entre coupé de diaclases goujonnées.
Au bout de 50m déroulés, je décide de stopper sur un rabaissement argileux dans lequel, je ne suis pas sure de passer avec ma plaque dorsale et ma vessie OMS. Je rentre donc main sur main sur le fil. Avec cette pointe, j'aurais déroulé 312m dans cette branche. Ceci portant le siphon 1 à 402m pour une profondeur de - 30m.
Quelques paliers et 70 minutes après mon départ, je fais surface. Ceci étant le dernier acte pour cette année.
Crédit photo: Christian KUPIEC et Eric CABRIT.
Malheureusement, nous n'avons pas encore jonctionné avec le Lantouy mais nous nous en approchons à chaque fois un peu plus.
Merci à tous les camarades qui ont vaillamment participé à cette campagne d'exploration.
Le dernier report surface montre que nous allons plein Nord/Ouest. l'idéal fut de s'orienter plein Ouest afin d'aller au plus court. Mais bon la nature commande.
A l'année prochaine.
# 16 Août 2018: CABRIT Eric et sa sœur, DELPECH Clémence, DELPECH Thomas, KUPIEC Christian.
Nouvelle saison, nouvelle configuration. Pendant la période hivernale, j'ai fait l'acquisition d'une vessie Xdeep spéciale sidemount. Je l'ai étrenné, testé et elle sera au top pour l'Oule. Merci au passage à mon sponsor Innodive pour son aide.
De plus, j'ai commandé des bouteilles de 20 litres légères (sous l'eau). Ceci me permettra normalement d'aborder les difficultés du réseau avec un autre regard. Comme d'habitude, j'ai en plus pour le S1 et les paliers une 6 litres.
Arrivé à mon ancien terminus, je connecte mon fil et direction l'inconnu. Le passage surbaissé se négociera plutôt bien. La suite enchainera de hautes diaclases perpendiculaires recoupantes avec des laminoirs et passages assez chauds. Je déroulerais au final 75m de fil avec arrêt sur rien. Par contre, les 397m pour arriver dans la salle du S1 sont particulièrement longs. Je prendrais 36 minutes de paliers à -6m. Ce qui pousse la plongée à 1h30 en humide cela commence à être frais.
Diaclase recoupante.
Vue depuis le haut d'une diaclase remonté sur 8m. Nous voyons bien la touille en bas!
Passage étroit en pente à négocier sur le flan. Et il gratte ce plafond!!
Arrivée dans la salle du terminus avec marques découlement sur le sol.
Diaclase recoupante au terminus. Belle stratification des différents calcaires
Laminoir terminal.
Coupe développée.
Report surface.
# 15 Septembre 2018: AUDEBERT Michel, CABRIT Eric, DELPECH Thomas.
"The final"!
Avec une équipe réduite aux meilleurs ;-), nous repartons à l’assaut du siphon vers Lantouy. Et nous devrions bientôt atteindre notre but et ce fameux collecteur. Tout du moins dans la théorie géologique de terrain. Changement de cartouches, 2 x 20 litres et 1 x S80 pour assurer les paliers dont j'ai prévu un maximum de 1 heure. Étant pour la dernière fois en combinaison humide.
Le portage est folklorique avec le Michel et Eric et surtout bien chargé.
Les préparatifs se passent sous un débat "sociétal politico historique". Je passe le sable menant au S1, puis arrivent Eric et les bouteilles. A partir de ce moment Michel me motive! oui mais à sa façon en me parlant de l'homélie qu'il prononcera lors de mon enterrement car je suis complètement fou de plonger. Rein de mieux avant de partir sur du lourd engagé. Heureusement que j'ai le moral....
Photos Michel AUDEBERT.
Vient les "à toute à l'heure, 2h maximum" et je fais volte-face. Ça y est j'ai coupé les ponts et je suis directement sur mon objectif et ma mission. Dépose du S80 à -6m en tête de la salle plongeante. Puis il faut mettre le rythme pour le palmage car le terminus est loin et je veux me garder une réserve de temps pour l'exploration. Bon à un moment, j'ai dû me calmer car je sentais poindre le début d'un essoufflement et la chaleur sur les tempes.
J'y suis, l'eau est au top, le laminoir m'attend, j'y vais sans hésitation. une fois celui-ci passé, la galerie remonte et de nouveau je suis en présence d'une diaclase perpendiculaire énorme. Je la traverse en observant et en face de moi ce dresse un curieux rocher ciselé par l'eau. Photo ci-dessous.
Le gardien du temple, la porte vers un autre monde... Et oui à partir d'ici tout change. La galerie devient verticale sur près de 5m de haut et de 3m de large. Derrière le gardien, un puits ou une marmite géante percée au fil des millénaires par l'eau. Le conduit s’infléchit vers le bas.
Puis il remonte et la première fois je rencontre une grosse quantité de sable avec les marques d'écoulement sur une dizaine de mètres.
Au sommet, déjà j'aperçois un autre puits. Je me dis, ça y est j'arrive sur Lantouy. Soit je vais rencontrer une autre galerie, soit je vais faire surface, soit je vais dégringoler dans les profondeurs comme le suggère la géologie et les différences d'altitudes entre les deux entités Oule/Lantouy. Le potentiel profondeur est de l'ordre de 78m. Voir tableau en-dessous.
Sur ces considérations de potentiel profondeur, je suis resté depuis le début avec de l'air dans mes bouteilles. Ceci me laissant le champ libre jusqu'à -70m. Il est vrai que je charge en contrepartie au niveau décompression et qu'un Surox 30 ou 32 aurait été plus bénéfique. Mais bref, revenons à la réalité et non aux supputations.
Ce deuxième puits me fait chuter à -35m et un nouveau laminoir me fait face. Mais celui-ci est remontant et en plus il est recouvert de sable grossier identique à celui du départ du S1. Vais-je remonter et sortir rapidement. Tout d'abord, il faut pouvoir passer entre le plafond et le sol car il n'y a pas beaucoup de place.
Je remonte dans une partie en forme de voûte et puis rien. Oui rien ou presque. Une lucarne subsiste! 60 cm de large et à peine 30cm de haute. La forte pente du sol m'empêche de passer la tête afin de voir derrière. Je ne me pose même pas la question de creuser car en un instant je suis dans l'orange ocre profond. Et puis creuser pour envoyer les déblais en bas, oui en bas là où déjà j'ai eu du mal à passer. Non. Il faut des fois savoir renoncer même surement tout près du but espéré. Mais quand même j'aimerai bien passer une perche avec la caméra simplement pour savoir ce qu'il y a derrière. N'est-ce pas le propre de l'homme et sa curiosité. Il veut toujours savoir ce qui se trouve derrière. Venir simplement pour filmer, ce serait prendre de bien gros risques à mon goût car au total, j'ai franchi 9 passages chauds, voire très chauds et le terminus se trouve maintenant à 73 mètres de plus, soit 550m du départ.
Je suis résigné et serein. Je rentre donc de bon pas car j'ai 45 minutes de paliers à -6m pendant lesquels je ne cesserai de me demander qu'y a-t-il derrière? Et bien après réflexion, derrière il peut et doit y avoir une énorme trémie qui bouche presque totalement le conduit. Ceci explique totalement le fonctionnement de l'Oule. Ces milliers de tonnes d'argile qui n'ont pu par tir avec le courant car courant il n'y a plus du fait de l'obstruction, les mises en charge de plus de 37m lors des crues. Et oui l'eau n'a d'autre choix que de remonter vers la sortie car le débit est bien trop important pour circuler dans l'infime passage subsistant. Pourquoi les marques d'écoulement vers l'aval me direz-vous? Et bien, il subsiste quand même un écoulement péren et lors de la décrue, la hauteur d'eau accumulée dans les parties habituellement exondées chasse sous pression l'eau du conduit la forçant à s'écouler beaucoup plus et avec force.
Après 110 minutes d'introspection intérieure, je retrouve ce monde et L'homélie de Michel ;-) Nous rentrons tranquillement avant de partager un verre à la sortie. Merci les copains pour cette belle journée et pour cette belle explo qui reste à mon sens le moteur de notre activité.
La nature à une fois de plus gagnée. Mais elle nous aura permis de découvrir 470m de belle galerie profonde dans l'Oule. L'abdication n'est que temporaire et nous reviendrons afin de poursuivre l'escalade, de plonger et topographie l'affluent. Mais ceci sera pour un prochain épisode.
Profil de la plongée.
Coupe développée.
Report surface.
Thomas 2018.
Vidéo d'exploration à venir.