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Fontaine d'Albas 2005
Cette source est située au fond d’une petite reculée qui fait face au village de Bourzolles (Lot), en rive droite du ruisseau de la Borrèzes et non loin des grottes de La Forge. Elle est à seulement 120 m à vol d’oiseau de la limite avec le département de la Dordogne et donc de la commune de Salignac-Eyvigues.
Coordonnées : X = 529,028 Y = 3292,572 Z = 138 m.
Géologie : Bathonien supérieur (J2c), calcaire micritique clair, parfois oolithique.
Voici la topographie et le fonctionnement de la fontaine tel que cela avait été décrit dans Spéléo-Dordogne n° 58 p. 22-23.
Mais son fonctionnement est tout autre. En fait, la vasque figurée sur la coupe est un siphon d’alimentation en eau et non un écoulement vers la petite émergence signalée. L’arrivée d’eau supérieure est inexistante ; il ne s’agit tout au plus que d’un ruissellement local en période humide.
Historique et résumé des activités à la fontaine d’Albas
# Premier repérage :
En juillet 2000, avec J.-P. Fabre, repérage de 5 m de conduit depuis la vasque avec lampe et masque. Il faut revenir car la galerie continue.
# Deuxième repérage :
Le 2 août 2005, avec L. Delpech et mon cher fox "Voyou". Nouveau repérage pour une future exploration. Le niveau d’eau étant à l’étiage et d’une limpidité cristalline, toutes les conditions souhaitables sont présentes.
# Première plongée :
Le 4 août 2005, avec J.-P. Fabre, L. Delpech et Voyou. Portage du matériel le long des maïs et escalade jusqu’à l’entrée. Equipement, suivi du passage du matériel dans la chatière horizontale puis verticale avant de parvenir à la vasque. Equipement du mono-bouteille de six litres avec détendeur et harnais. Ça y est ; tout le monde est prêt mais on a oublié la corde spéléo qui me sert de ligne de vie ! Vite, nous la sortons du sac et la mettons en place.
Première essai : bouteille sur le dos et tête la première. Passage impossible : trop gros !
Deuxième essai : bouteille à bout de bras et tête la première. Pas mieux ; le sang me monte à la tête et la posture est très inconfortable…
Troisième et dernier essai : en marche arrière en tirant la bouteille. Là, comme une anguille, je glisse enfin dans l’élément liquide mais sans aucune visibilité ! Je parcours les 5 mètres que j’avais déjà repérés. Arrivant dans un petit agrandissement, l’eau redevient limpide et la galerie repart quasiment dans la direction d’où je viens mais avec un mètre de décalage sur la droite. Un petit à coup sur la corde pour prévenir les assistants et je repars en direction de la vasque. Il n’y a pas assez de sécurité pour poursuivre ainsi. Nous reviendrons.
# Deuxième plongée :
Le 8 août 2005, avec J.-P. Fabre, L. Delpech, D. Jauberthie et toujours Voyou. Après trente minutes de portage et de mise en place, tout est prêt.
Avec un bi six litres et une corde comme fil d’Ariane, c’est parti pour de la première !
Exploration du premier siphon sur 30 mètres et -3,50 mètre de profondeur. Sortie à l’air libre mais sans respirer l’air ambiant. Repérage d’une faille verticale de 5 mètres de hauteur. Retour à la vasque de départ pour prévenir les collègues (10 minutes aller-retour). Décision commune de repartir pour tester l’air et si possible d’escalader la faille. Arrivé dans la vasque de sortie du S1, je monte sur un rocher et m’installe. Test de l’air avec un briquet puis, détendeur à la main, première inspiration. Après deux minutes sans symptômes de présence de CO², dépose du matériel en sécurité puis escalade périlleuse de la faille en cinq minutes.
Ensuite, exploration du conduit supérieur après l’ascension de deux étages successifs. Découverte d’un bassin suspendu et de conduits annexes, puis arrivée en haut d’un puits où je dois arrêter la progression. Plusieurs départs possibles, tant fossiles qu’actifs, s’offrent à moi. Mais il est temps de faire demi-tour. Retour vers la sortie du S1 en faisant attention à la descente du 3ème étage et surtout à la descente de la diaclase verticale qui est dangereuse. Pose d’un spit et d’une corde nécessaires pour la prochaine fois. Sortie avec une visibilité nulle : merci la corde d’Ariane ! Au total, 35 minutes d’exploration en première. Sortie du matériel, prise de vues, débriefing et remerciements.
# Troisième plongée :
Le 17 août 2005, avec le soutien de J.-P. Fabre et trois de ses jeunes.
Equipement du siphon avec un fil d’Ariane fixe. Incident de flottabilité lors de la plongée en raison de l’éventration du bloc de polystyrène. Franchissement du S1 puis retour pour aller chercher le sac de spéléo qui contient le nécessaire à l’équipement de l’escalade. Une fois revenu à la sortie du S1, escalade toujours aussi difficile de la diaclase. Là, une énorme explosion et plus de lumière. Le bouchon de mon bec acétylène étant tombé dans le siphon et le tuyau s’étant garni d’eau, la réaction fut plutôt violente !
Lors de l’escalade, une flamme de 15 centimètres léchant le tuyau d’alimentation provoqua la fonte de celui-ci : une boule de feu devant les yeux et ce fut l’explosion…
La reculée Karstique.
Par chance il n’y eut aucun blessé mais j’ai perdu dix bonnes minutes pour effectuer la réparation.
Ensuite, progression rapide jusqu’au terminus précédent et descente dans le puits, en opposition assez folklorique compte tenu de la glaise présente sur les parois. Lors de la descente, je dus porter une attention toute particulière pour ne pas casser les concrétions et les milliers de petits pics acérés qui recouvrent les parois.
Exploration de 10 mètres supplémentaires de galerie, vite arrêtée par une pente argileuse inclinée qu’il a été impossible de franchir malgré plusieurs essais en opposition : j’étais trop mouillé. Mais la galerie continue. Avec un piolet pour se tracter, le passage deviendrait franchissable.
Mais il est déjà temps de faire demi-tour. Sur le retour, je vérifie les passages annexes que j’avais repérés la première fois. Après un étroit méandre vertical, il y a un puits de 8 à 10 mètres de profondeur. Malgré la tentation de l’explorer, j’abandonne car je suis couvert de glaise et tout mouillé. Je ne veux pas prendre de risques : ce site est là depuis des milliers d’années, alors six mois de plus ou de moins…
Pendant ce temps Jean-Paul et ses jeunes ont relevé la topographie de la zone d’entrée.
Merci à tous ceux qui m’ont aidé et à l’été prochain pour plonger de nouveau ou pour essayer de vider le siphon.
Retour de plongée avec corde comme fil d'ariane.
croquis d'exploration.